
L'utilisation de la musique à des fins politiques et sociales: l'émancipation de la minorité noire aux États-Unis de 1865 à 1964.

"Le tempo libère mon imagination, me rappelle que ma musique est née dans un champ de coton" Le blues_Martin SCORSESE du Mali au Mississippi
Dans quelle mesure la musique a-t-elle rythmé le combat des noirs Américains pour leur émancipation de 1865 à 1964?
Il y a plus de 4 ans disparaissait Michael Jackson, le « roi de la pop ». Cet artiste interplanétaire et intergénérationnel a composé de célèbres titres comme Thriller ou encore Beat it. Michael a fait tourner la tête de centaines de milliers de personnes, notamment avec son pas de danse, le moonwalk. Mais, ce que beaucoup ignorent, c'est qu’il n’était pas seulement un homme qui vivait sa musique dans ses pas de danse. Comme un grand nombre d'artistes, il a aussi puisé ses racines dans la soul, qui elle-même est née du blues et du gospel.
Tous ces genres musicaux, qui tiennent une place immense dans notre société d’aujourd’hui, constituent des mouvements artistiques dont l’influence s’est manifestée au fil des années tant sur les hommes que sur la société. Ces styles musicaux ont eux-mêmes donné vie à des titres de chansons dont tout le monde se souvient. Mais surtout, ils ont permis à des peuples de s'exprimer, quelle que soit leur origine ou leur langue, quelle que soit leur couleur ou leur opinion politique.
En effet, à peine un siècle en arrière, la minorité noire américaine se battait encore pour sa liberté. Tout au long des guerres civiles et même des deux grandes guerres mondiales, cette communauté noire n'a cessé de se battre pour sa liberté. Et alors que le nord des États-Unis défend une idéologie anti-esclavagiste, le sud voit la ségrégation se développer de plus en plus. Tout au long de ces années, des leaders noirs, hommes ou femmes, ont organisé et dirigé de grandes manifestations pour faire entendre la voix de la communauté noire au niveau politique. Ils se sont battus ensemble pour leur liberté et l’égalité des peuples en écrivant de grands discours ou des chants, qui aujourd'hui encore, restent gravés dans les mémoires. La ségrégation a été une période difficile pour la population noire Américaine qui a tenté de se réfugier et de soulager ses blessures dans un mouvement artistique très présent dans la société : la musique.
C'est donc principalement derrière des notes de blues, de gospel, de jazz et de soul que le peuple Afro-Américain s'est exprimé. La musique a créé un lien humain et solidaire, tout d'abord avec des artistes blancs, puis avec des groupes de population blanche avant d'aboutir après de longues années de haine raciale à la reconnaissance des droits civiques de la population noire. De plus, la musique a constitué un fort moyen d'expression, utilisé par les noirs Américains et a entraîné un mélange social et culturel qui les a soutenus dans leur combat.
Nous avons choisi de traiter ce sujet, car l'émancipation de la minorité noire est un chapitre essentiel de l'histoire des États-Unis, qui nous a particulièrement touché. Et malgré tous les combats, nous sommes encore aujourd’hui trop souvent spectateurs d'une société dans laquelle la discrimination et le racisme sont encore présents.
Nous avons associé le thème « individuel et collectif » à notre sujet. En effet, dans un raisonnement social, l'opinion individuelle conduit à des conséquences collectives. Notre sujet comporte une dominante de Sciences Economiques et Sociales liée aux mouvements sociaux et à l'influence artistique, à laquelle nous avons choisi de mêler le déroulement historique des évènements et leurs localisation géographique.
Le fil conducteur de notre étude sera donc le suivant: « Dans quelle mesure la musique a-t-elle rythmé le combat des noirs Américains pour leur émancipation de 1865 à 1964? »
Au delà des faits historiques, nous avons souhaité élargir le sujet. Par exemple, n'existait-t-il pas une portée de la population blanche en opposition avec la ségrégation ? Le jazz n'était-il joué que par des noirs? La musique est-elle le seul mouvement artistique utilisé pour le combat des Afro-Américains ?
Notre plan s’organise de la façon suivante : Dans un premier temps, des racines du blues à la création de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) en passant par les premières luttes de la communauté noire soutenues par les premiers accords de jazz. Dans un second temps, le jazz, une forme de propagande qui encourage un mouvement vers l'égalité des noirs dans les bus et l'accès à l'éducation. Et dans un troisième temps, des actions des leaders aux Civils Rights Acts, accompagnés par la soul et encouragés par le début du reggae.
De la « Work Song » au Blues pour accompagner la lutte contre la ségrégation, les premiers pas de la musique noire.
L'esclavage et la "Work Song"
L'esclavage aux États-Unis débute en 1619, par l'arrivée des colons Britanniques en Virginie. Ils se lancent dans le commerce triangulaire qui a pour objectif de développer les échanges entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique. Ces échanges portent principalement sur les matières premières comme le café, le coton ou le sucre. Mais parallèlement que ce commerce de produits alimentaires, se développe un marché humain " la traite des noirs " où des hommes, femmes et enfants noirs sont enlevés dans leur pays d’origine pour devenir des esclaves aux États-Unis. On peut alors trouver une variété de « backgrounds » qui sont des immigrés du commerce triangulaire parmi les immigrés Africains.
Ces esclaves noirs travaillent comme domestiques dans les grandes propriétés Américaines ou dans les champs de tabac ou de coton.
C'est ainsi qu’apparaît la « work song », c’est à dire « chants de travail » dans le delta du Mississipi. Les noirs Américains chantent a capella dans les champs de coton pour se donner du courage.
Les paroles de la « work song » racontent leur désespoir d’être loin de leur pays et de ne pas être libres. Ces sentiments fondent un blues primitif. C'est le début de la « black music » (musique noire).
En 1861, éclate une guerre civile dans le sud des Etats-Unis : la guerre de Sécession, qui oppose l'Union du nord des États-Unis, soutenue par Abraham Lincoln, aux Etats Confédérés du sud des États-Unis, dirigés pas Jefferson Davis. Cette guerre s'achève en 1865 par la victoire de l'Union et aboutit à l'adoption de 13 commandements concernant l'abolition de l'esclavage dans le nord des États-Unis.
Avant d'être assassiné par un sudiste en 1865, Abraham Lincoln avait déclaré: « Si je pouvais sauver l'Union sans libérer un seul esclave, je le ferais, si je ne pouvais la sauver qu'en les libérant tous, je le ferais aussi... Cela est ma position officielle et n'a rien a voir avec mes convictions personnelles... J'ai dit assez souvent que, selon moi, tous les hommes, partout, devaient être libres... »
La « work song » est donc née dans les champs de coton des États-Unis. Ces chants des esclaves noirs rythmés par le travail ont permis à un grand nombre d'entre eux de garder une forme de liberté, celle de s'exprimer. À coté de la « work song » se sont développées au fil des années d’autres formes de musiques chantées par les noirs Américains. Ainsi, au 17e siècle naît le negro spiritual, une musique sacrée, reposant sur la voix. Puis à la suite du negro spiritual, apparaît le gospel.
En effet, la religion tient une place essentielle dans la société, notamment dans la vie des noirs Américains qui se tournent vers Dieu pour lui demander de les soutenir dans leur vie difficile. Gospel signifie «évangile». En ancien anglais, « gospel » provient de « godspell » (appel de Dieu). Le gospel est une forme de propagande par la religion. De plus, l'église étant soit réservée aux blancs soit aux noirs, elle devient un lieu de rassemblement communautaire pour le peuple noir. C'est au cœur de l'église que les Afro-Américains communiquent leurs difficultés, leur détresse et leurs objections. C’est au cœur de l’église qu’ils instaurent leur propre politique de manière autonome.
Le Blues
C’est, principalement dans le sud des Etats-Unis que le Blues fait son apparition. « Blues » est l'abréviation de l'expression anglaise « blue devil » qui signifie : « avoir des idées noires ». La légende raconte que Robert Johnson, un chanteur et guitariste de Blues devenu une légende pour de nombreux artistes, aurait signé un pacte avec le diable, ce qui lui aurait permis de devenir un virtuose du blues.
Le Blues est un genre musical dérivé de la « work song ». Il réunit des voix exprimant le désespoir et la tristesse, ainsi que des instruments tels que la guitare, le trombone, le saxophone, la trompette, le piano, la batterie, la basse, la contrebasse et l'harmonica. Le rythme du blues se base sur 12 mesures, d'où le nom the « 12 bar blues ». Pour les musiciens, on parle, plus exactement, du "blues en Do". La mélodie du blues utilise la gamme blues et les notes bleues. Une « blue note » est une note jouée ou chantée qui, accompagnée d'une note dissonante, crée une sonorité particulière, caractéristique de cette musique. La tristesse révélée dans le blues donne vie à l'expression : « avoir le blues ». Il existe une multitude de variantes du blues selon les régions. On retrouve par exemple Kansas City blues, le New York blues ou encore le Chicago blues.
Le blues devient populaire vers 1900. Ce style musical exprimant « la détresse de l'âme » fait connaitre de grands artistes comme Chuck Berry, Willie Brown, Jimi Hendrix et B.B. King. La population blanche n’écoute pas encore ce genre de musique.
Cependant, le Blues sera très présent lors de la Seconde Guerre Mondiale ou encore lors de la guerre du Viêt-Nam et lors de la chute du mur de Berlin. En effet, il faut noter que la black music n’a pas seulement permis de soutenir la quête de liberté de la communauté noire Américaine. Ainsi, par exemple, le Saint Louis Blues, morceau de blues composé par W.C. Handy et interprété par Louis Armstrong à été diffusé lors de la Seconde Guerre Mondiale par Hugues Panassié, un opposant du parti nazi. Ainsi, le "Saint Louis Blues", médiatisé sous le faux nom de "La tristesse de Saint-Louis", a défié l'autorité nazie en France.
Le blues aura une influence majeure sur la musique populaire Américaine, puisqu'il est à la source du jazz, du rhythm and blues, du rock 'n' roll, de la country,… etc. Mais il est aussi beaucoup utilisé dans des films qui lui sont entièrement dédiés tel que « Crossroads » (1986).
Puis, plus tard, le blue sera médiatisé, par exemple sur des radios spécialisées comme W3 Blues Radio ou encore des magazines spécialisés comme ABS Magazine. Un roman lui sera également dédié, Blues Mississippi Mud aux éditions de La Martinière (1993).
Musique noire et Situation politique
La détresse de la communauté noire Américaine qui transparait dans sa musique s’explique principalement par la situation dans laquelle se trouve cette communauté. Ainsi, de 1876 à 1964, la communauté noire Américaine est soumise aux lois Jim Crow (« Jim Crow Laws » en anglais). Le nom « Jim Crow » provient de la chanson « Jump Jim Crow » écrite par Thomas Dartmouth Rice en 1828. C’est le premier artiste à se présenter en public en se noircissant le visage et les mains pour imiter un homme noir du sud profond des États-Unis.
Les lois Jim Crow ont été établies dans les Etats du Sud des États-Unis au lendemain de la Reconstruction en 1877. Ces lois créant la ségrégation raciale considéraient les Noirs comme des « sous-hommes ». C'est en Alabama que ces lois étaient les plus sévères, et les transgressions aux règles par les populations noires étaient très sévèrement punies.
On peut citer quelques exemples de ce que ces lois prévoyaient : « Tout restaurant ou tout autre endroit où est servi de la nourriture sera illégal s'il ne prévoit pas des salles distinctes pour les personnes blanches et de couleur, à moins que celles-ci ne soient efficacement séparées par une cloison pleine s'étendant du plancher vers le haut à une distance minimale de sept pieds et à moins qu'une entrée séparée soit prévue » ; ou encore « Les conducteurs de train de voyageurs doivent assigner à chaque passager le wagon ou le compartiment qui lui est destiné selon sa couleur».
Ces lois interdisaient également les mariages mixtes, et allaient jusqu’à créer des règles humiliantes pour l'utilisation des toilettes par les domestiques noires (un sujet traité dans le film « La couleur des sentiments » de Tate Taylor). Ces lois vont par ailleurs inciter les populations blanches à considérer les Afro-Américains comme une race à part.
Par exemple, le terme « nègre », aujourd'hui considéré comme une insulte, était, durant cette période, un terme courant des Blancs.
Les lois Jim Crow s’accompagnent d’un aspect encore plus sombre : la création du Ku Klux Klan en 1865. Le Ku Klux Klan est une organisation extrémiste blanche protestante, dont le postulat essentiel est l’infériorité des noirs américains. Le film de Lee Daniels « Le majordome » sorti en 2013, illustre une intervention du Ku Klux Klan dans un bus de la liberté. Le Ku Klux Klan sera à l'origine de plusieurs lynchages qui ne seront pas punis du fait de la banalisation de la mort d’une personne noire. Des noirs mourront dans des émeutes contre les blancs ou sous les coups du Ku Klux Klan, d'autres seront arrêtés pour avoir fait usage de toilettes destinées aux blancs.
L'individu noir n'est pas réellement considéré que ce soit au niveau social, (car il est dit "inférieur"), au niveau économique, (par exemple, un fermier noir est lié au propriétaire de la terre que le fermier cultive), ou au niveau politique, (l'homme noir n'a pas le droit de vote).
La population Afro-Américaine est en quelque sorte déshumanisée. L'exclusion de la communauté noire au niveau économique mène à la création d'un véritable « marché noir » (d'où le terme).
L'esclavage à travers l'Art
Le poème « Strange Fruit » de Abel Meeropol écrit en 1937, dénonce les lynchages réguliers du sud des Etats-Unis. En 1939, la chanteuse Billie Holiday reprend ce poème pour en faire une chanson très émouvante et l’interprète sur un rythme de blues. Le Strange Fruit évoqué dans cette chanson est le corps d’un Noir pendu à un arbre. Ce terme est devenu un synonyme de lynchage.
Les Afro-Américain, rejetés de la communauté Américaine, finissent par créer leur propre société, avec leur propre culture. Cette culture repose sur les traditions ancestrales des esclaves Africains qui ont été étouffées durant l’esclavage en raison de l'impossibilité de les pratiquer. Cependant, dès l'abolition de l'esclavage, une partie de ces traditions reviendra, mêlée à une culture plus Américaine.
Pendant la période esclavagiste, les propriétaires d'esclaves feront tout pour décourager la communication dans toutes autres langues que l'anglais. La culture noire a tout de même gardé certaines de ces expressions et développe les «pidgins», c'est-à-dire, les mélanges simplifiés de plusieurs langues destinés a communiquer. La langue africaine sauvegardée par la culture noire Américaine, se nomme « black speech ». Cette langue se retrouvera dans les chants et chansons.
A coté de la musique, d’autres domaines accompagneront le peuple noir dans sa lutte pour la liberté. Ce sera l'art avec Basquiat qui aidera le peuple noir à s'intégrer dans la société Américaine. Basquiat est l’un des premiers peintres noirs américains. Il est né en 1960 et meurt en 1988. Il devient peintre d’avant-garde et réalise des peintures, des graffitis ainsi que des dessins. À sa mort il laisse plus de 800 tableaux et 1500 dessins derrière lui. L’influence du jazz, de la culture Afro-Américaine, le racisme, l’univers des rues se mélangent dans ses œuvres.
Enfin la littérature traitera souvent de la place des noirs dans la société Américaine, de l'esclavage... Un roman très connu de ce mouvement littéraire est La case de l'oncle Tom (1852). Apparaît alors, une séparation entre les écrivains pour et ceux contre la ségrégation raciale. La littérature blanche, surnommé « anti-Tom » est favorable au maintient du système et se heurte à la littérature noire Américaine qui prend ses racines à travers des auteurs comme Phillis Wheatley et atteint sont apogée avec des témoignages sur l'esclavage et la renaissance de Harlem (mouvement de la culture afro-américaines dans l’entre deux-guerres).
Phillis Wheatley née en 1753 et morte en 1784 est la première poétesse noire. Elle fut esclave et ses poèmes commencèrent à être connus très tard.
La littérature a été utilisée comme la musique, en tant qu’outil de propagande, qui permet à la communauté noire Américaine de se forger sa propre opinion politique et de prendre conscience des enjeux politique et économique de la société Américaine. C'est une forme d'instruction.
Par exemple, William Edward Burghardt (W.E.B) Du Bois et Booker T. Washington, on débattu sur l'évolution de la situation des noirs dans la société Américaine.Booker T. Washington, ancien esclave libéré fut une figure représentative des Noirsentre 1890 et 1915. C’est un des derniers leaders nés dans l’esclavage.
W.E.B Du bois sociologue historien, activiste des droits civiques du peuple noir décida de créer le Niagara Movement en 1905, à l'aide de Monroe Trotter.
Ce mouvement afro-américain réclame l'égalité entre les blancs et les noirs Américains. Il sera supprimé et remplacé par la NAACP ou « National Association for the Advancement of Colored People » qui voit le jour en 1909. La NAACP est l’une des organisations noires Américaines les plus influentes des Etats-Unis qui s’est battue contre les lois Jim Crow dans les Etats du Sud. Elle se battra, également, durant plus de dix ans afin d'obtenir une législation fédérale contre le lynchage.
Le jazz, une force qui encourage le mouvement d’égalité des noirs
Naissance officielle du Jazz (1917)
Le jazz est un style de musique découlant du Blues. L’apparition des phonographes permet alors la diffusion de cette nouvelle musique. Auparavant, les morceaux étaient enregistrés au piano mécanique. Ont ainsi été conservés de nombreux rouleaux de Scott Joplin (pianiste et compositeur afro-américain de musique ragtime). L'enregistrement du Livery Stable Blues en 1917 par l'Original Dixieland Jass Band (ironiquement un orchestre de musiciens blancs) est le premier disque qui marque la naissance officielle du jazz.
Joe Oliver appelé King Oliver, a fondé et a été le chef d'un premier orchestre important, le Creole Jazz Band dont fera partie Louis Armstrong à partir de 1922. La ségrégation était présente y compris dans l’enregistrement des morceaux de jazz. En effet, les race records se traduisant par « enregistrements de race», étaient des enregistrements spécifiquement destinés au public noir, très peu d’artistes afro-américains ayant été commercialisés pour le « grand public ». Les principales sociétés qui ont commercialisé les race records étaient Okeh Records, Emerson Records, Vocalion Records, Victor Talking Machine Company, Paramount Records. Le terme race record peut sembler péjoratif, cependant la presse de l’époque utilisait de façon routinière le terme « The Race » pour se référer aux Afro-américains qui ont montré fierté et soutien à leur peuple et à leur culture.
Louis Armstrong est l’un des pionniers du jazz. Durant plus de quarante ans, de tournées en tournées, Louis Armstrong resta le meilleur ambassadeur du jazz à travers le monde entier. Originaire de La Nouvelle Orléans, Louis Armstrong est également connu sous les surnoms Satchmo (diminutif de « satchel-mouth » qui signifie littéralement « bouche-sacoche») et Pops. D'une musique de folklore afro-américaine enracinée dans le gospel et le blues traditionnel, Armstrong a fait un courant musical national et populaire à vocation universelle. C’est lui-même qui amena une première évolution décisive du jazz : il a commencé à jouer dans un orchestre typique de La Nouvelle-Orléans caractérisé par l’improvisation simultanée des musiciens. Louis était un improvisateur hors pair, capable de créer des variations infinies à partir d'un même thème. Ses musiciens l'imitèrent, non plus tous en même temps comme ils avaient l’habitude, mais chacun leur tour.
C'est ainsi que le jazz devint une forme de musique en solo.
Par ailleurs, Armstrong a aussi crée un nouveau style vocal, le scat. Le scat est une forme de jazz vocal, d’improvisation où le chanteur insère des onomatopées à la place des paroles. Tout cela fit de Louis Armstrong l'un des chanteurs de jazz les plus influents de son époque. Cependant il n’était pas apprécié de tous.
Ainsi, le critique et journaliste Hannen Swaffer publia dans le Daily Herald le 25 juillet 1932 : « Armstrong est l’homme le plus laid que j’aie jamais vu sur une scène de music hall. Il a l’apparence et le comportement d’un gorille. On dirait qu’il sort tout droit d’une jungle africaine et qu’après avoir été emmené chez un tailleur de troisième ordre s’acheter un complet, on l’a poussé sur la scène en lui disant de « chanter » ».
Toutefois ces critiques n’empêchèrent pas Louis Armstrong de continuer de chanter et de véhiculer à travers ses chansons, ses envies de paix, d’égalité,…
« Roaring twenties » et Renaissance de Harlem
The Roaring Twenties est la période d’entre-deux-guerres aux États-Unis dans les années 1920. Caractérisée par une forte croissance économique et durant laquelle les activités économiques et culturelles battent leur plein, cette période équivaut aux années folles en France. Durant ces années, les clubs de danse deviennent alors très populaires. Toutefois il existe un paradoxe : ces Night Club sont majoritairement réservés à une clientèle blanche, alors que les musiciens noirs en sont les vedettes.
C’est notamment grâce aux musiques et aux nouveaux styles de danses noires que ces clubs de danse sont devenus particulièrement populaires et font apparaître des années 1920 jusqu’aux années 1940, un nouveau courant musical : le swing (manière d’être du jazz qui consiste à danser avec son corps dans l’espace).
Cette période du swing est caractérisée par le « jazz du milieu » et le développement des « Big Band » qui signifie «grand groupe » et donna naissance à plusieurs orchestres tels que celui de Duke Ellington ou de Count Basie, tous deux musiciens noirs. La danse Jitterbug (née dans la communauté noire américaine) s’associa à cette musique et devint un phénomène dès 1935.
Cette même année, les Big Band blancs devinrent à leur tour très populaires et notamment celui de Benny Goodman. Ce dernier participa activement à la lutte contre la ségrégation, notamment en engageant des musiciens noirs dans son orchestre tels Teddy Wilson (pianiste), Lionel Hampton (vibraphoniste) et Charlie Christian (guitariste).
Parmi les hauts lieux du jazz, on trouvait des salles comme le Cotton Club, le Small's Paradise, l'Apollo Theater ou le club de swing le Savoy Ballroom. On voit ainsi que par la musique, blancs et noirs se mélangeaient même si chacun conservait son rôle bien déterminé dans la société américaine.
Ces années voient Harlem, quartier afro-américain de New York devenir alors le berceau de ce développement musical mais aussi artistique. En effet, la Renaissance de Harlem est un mouvement de renouveau de la culture afro-américaine dans l’Entre-deux-guerres. Cette effervescence s’étendit à plusieurs domaines de la création artistique : photographie, peinture, littérature et bien sûr la musique.
Au début du XXe siècle, de nombreux artistes et intellectuels Afro-américains affluèrent vers la « Grosse Pomme » et la plupart s’établirent ou travaillèrent à Harlem comme l’activiste Marcus Garvey en 1918, le musicien Duke Ellington en 1923 ou encore Louis Armstrong en 1924-1925.
Harlem se transforme un foyer de création artistique majeur, les œuvres se multiplièrent dans tous les domaines, se diversifièrent et se diffusèrent plus largement et également auprès des blancs. Avec plusieurs lieux de divertissement et ce foisonnement artistique, ce quartier parvint à réunir et à se faire côtoyer des gens de tous les horizons, toutes les races et toutes les classes.
Parallèlement au développement des lieux de distraction, a été mise en place de 1919 à 1933 la prohibition qui est la limitation de ventes de certains produits principalement l'alcool. Elle engendra beaucoup de problèmes sociaux. En effet, l’alcool fut le sujet d’un marché noir extrêmement rentable et souvent violent. De puissants gangs aussi bien blancs que noirs se battaient entre eux et étendirent le trafic illicite de l’alcool lorsqu’ils réussirent à infiltrer et corrompre les agences du gouvernement dont la mission était justement de veiller à l'application de la prohibition.
Durant ces années 20, des migrations existaient également à l’intérieur des États-Unis. Ainsi, de 1910 aux environs de 1940, a eu lieu la grande migration afro-américaine. Ce mouvement a conduit près de 2 millions d’Afro-américains du Sud des Etats-Unis vers le Middle West, le Nord Est et l’Ouest. La principale raison de cette migration était le climat raciste régnant dans le Sud et la violence généralisée se manifestant par les lynchages des noirs. Toutefois, cette migration des Afro-américains donna lieu à des frustrations. En effet, même si leur situation financière s’améliora légèrement, la ségrégation était toujours présente tant socialement qu'économiquement.
De plus, du fait de la proportion de migrants très importante, se loger était extrêmement difficile. Les Afro-Américains se sont alors retrouvés concentrés de façon très dense dans les quartiers défavorisés où la violence régnait.
Très souvent, la musique constituait un facteur de calme et de retrouvailles des familles. Elle était aussi un moyen de reconnaissance.
À la fin de la seconde guerre mondiale, la situation des Afro-américains s'améliore très lentement. En effet, leur intégration sociale a légèrement progressé grâce à l'armée : en 1944, près de 700 000 noirs sont engagés dans l’armée américaine. La guerre bien qu’ayant entrainé de très nombreux morts a aussi eu tendance à souder la Nation. À la suite d’émeutes raciales en 1943 à Detroit (Michigan), Roosevelt prit des mesures pour limiter les discriminations dans l'administration fédérale américaine. En 1942, le Congress of Racial Equality est fondé pour lutter contre la discrimination dans les bâtiments publics du Nord du pays.
Séparés et Inégaux
La ségrégation existait dans l’ensemble de la société américaine et avait un impact fort sur les pratiques religieuses. En effet l’Église noire, au-delà du culte religieux, était un lieu de rassemblement communautaire, de coopérative économique, de tribunal populaire afin d’apaiser les peurs et les colères ainsi que de régler les conflits de manière autonome. Cependant, l’Église noire refusait de se confronter frontalement à la domination blanche et s’abstenait officiellement de toute politique.
En 1920, sous la présidence de Wilson, le droit de vote est accordé aux femmes américaines. Mais les Afro-américains sont toujours considérés comme citoyens de « seconde classe » et se verront encore refuser le droit de vote.
Renaissance du Ku Klux Clan et lutte contre celui-ci
La parution du livre The Clansman (l’Homme du Clan) en 1906 écrit par Thomas Dixon et surtout son adaptation au cinéma par David Wark Griffith dans le film The Birth of a nation en 1915 marque la renaissance du Ku Klux Klan. William Joseph Simmons partisan du Klan et des américains des États du Sud des Etats-Unis, sudistes, profitent alors de la popularité de ce film pour réunir quelques personnes et relancer le Klan. Contrairement au premier KKK, le nouveau n’est plus uniquement une organisation née de la défaite sudiste à la suite de la guerre de sécession. Il est alors parfaitement légal, ouvert à tous les américains blancs, protestants et conservateurs.
Discrètement patronné par le Président Wilson, puis ses successeurs, le mouvement prend une ampleur considérable en quelques années et ne concerne plus uniquement le Vieux Sud. Il apparait comme une fraternité de masse, et en être membre est considéré comme une marque de patriotisme.
Au milieu des années 1920, les membres du second Ku Klux Klan sont estimés à cinq millions. Il devient rapidement une force politique influente avec laquelle les hommes politiques doivent compter. Le quartier général du second Ku Klux Klan s'installe dans la capitale fédérale des Etats-Unis, Washington DC.
Plusieurs parades gigantesques y sont alors organisées. Ses membres s’autoproclament « justicers » et continuent de pourchasser principalement les Noirs, mais aussi les immigrants, les juifs et tous ceux qui les côtoient ou qui les aident en multipliant les violences : certains sont marqués au fer des trois lettres du Ku Klux Klan, d'autres sont badigeonnés de goudron bouillant puis couverts de plumes tels des poulets et les campagnes de lynchage et de pendaisons aux branches des arbres se poursuivent.
Le fait que les Noirs ne soient aucunement protégés par la justice américaine provoquait un sentiment de liberté totale chez les Blancs, à tel point que ces derniers photographiaient leurs victimes et parfois en faisaient même des cartes postales. C’est le cas du lynchage et de la pendaison de Thomas Shipp et Abram Smith, par les membres du Ku Klux Klan dans la petite ville de Marion (Indiana) le 7 aout 1930.
Toutes ces violences impunies ne laissaient pas tous les américains indifférents. Ainsi, elles ont inspiré le poème "Strange Fruit" écrit par Abel Meeropol en 1937 sous le pseudonyme de Lewis Allan.
Billie Holiday fut notamment bannie d'Alabama en 1939 pour avoir tenté de prononcer les premiers vers de ce poème, qu'elle avait transformé en chanson : « Les arbres du Sud portent un étrange fruit. Du sang sur les feuilles et du sang aux racines… ».
Les noirs essayaient ainsi de s’exprimer à travers la musique pour entrainer une réaction au niveau politique, c’est ce qui finit par se passer.
Toutes ces actions violentes, perdent peu à peu le soutien de certains responsables politiques.
La Louisiane vote une loi interdisant de se masquer le visage (tels que les membres du Ku Klux Klan avec leur cagoule blanche) en dehors de certaines fêtes, comme le Mardi gras. D'autres États vont suivre l'action de la Louisiane.
Le Président Harding agit contre les lynchages en autorisant le FBI à intervenir. Le Ku Klux Klan est officiellement interdit en 1928, mais il poursuit ses activités dans la clandestinité.
En 1938, fut créée une Commission des activités anti-américaines de la Chambre des Représentants, afin de lutter contre le Klu Klux Klan.
Le Ku Klux Klan est également associé avec d'autres mouvements de l'extrême-droite américaine tels que Nations aryennes, WASP, The Order, ou Posse Comitatus. Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses personnes tenteront de faire renaître une troisième fois le Ku Klux Klan, mais en vain.
Les Noirs dans l'économie Américaine
Outre priver les Noirs de tout droit civique et de toute participation envisageable à l'espace public, la société américaine maintenait volontairement les Noirs dans une position subalterne au niveau économique. En effet, les fermiers Noirs étaient souvent liés aux propriétaires terriens, le plus souvent cantonnés au statut de tenanciers (personnes qui gèrent des terres). Dans le secteur secondaire, les employeurs et les syndicats leur réservaient les tâches les plus pénibles et les moins bien payées.
Des fonctions modestes, tels que travailler à la compagnie de wagon-lit Pullman Porter à Chicago ou être portier d'hôtel, devinrent des positions enviables aux yeux de la majorité des Noirs, car ils offraient une stabilité relative d'emploi et un salaire acceptable.
Les lois Jim Crow excluaient les Noirs de nombreux secteurs de la vie économique, menant à la création d'un véritable «marché noir» (au sens propre du terme) : une presse noire surgit au Nord des États-Unis, tandis que les propriétaires noirs de compagnies d'assurances pour Noirs, ou de services de croquemort pour Noirs, devinrent des personnes dotées d’une influence conséquente dans la société noire.
Les actions des Leaders aux Civils Rights Acts, accompagnées par la Soul et encouragées par le début du Reggae
La Soul music
Selon l'écrivain Peter Guralnick, la soul est « l'expression d'une solidarité noire, de la fierté d'un peuple qui souhaitait rompre avec des décennies de ségrégation et trouvait dans ces chants le moyen idéal pour affirmer son identité et sa spiritualité ».
La Soul naît aux États-Unis à la fin des années 1950. C’est une musique populaire considérée comme un retour du Rhythm and Blues et qui met en avant le negro-spiritual et les gospels chantés dans les églises. La "Soul Music" signifie la musique de l’âme .
La Soul apparaît à Memphis puis s’étend dans le sud des États-Unis, d'où sont originaires la plupart des artistes.
C’est un type de musique qui mélange les chants spirituels et l’exaltation du désir charnel, une musique aux rythmes dansants et chaleureux souvent accentués par des personnes qui tapent dans leurs mains ou par des claquements de doigts. Il y avait également beaucoup d'improvisation vocale et des questions réponses entre le chœur de chanteurs et le soliste.
Cette musique s’est développée tout autant dans le nord des États-Unis que dans le sud : on parle alors de « Northern Soul » où elle est très dansante, contrairement au « Southern Soul » où elle est rapide. Le terme Soul est intimement associé à la musique noire américaine et fait son apparition pour la première fois dans deux albums de Ray Charles : Soul en 1953 et Soul Meeting en 1961. Il sut très bien mélanger sa passion pour le gospel avec les rythmes saccadés du rhythm and blues.
Ray Charles surnommé « the Genius » (le génie), devenu aveugle à l’âge de sept ans, puis orphelin, s’est battu très jeune pour jouer et il a réussi ! Il a vécu plusieurs années dans la misère et ressentit le racisme des États du sud des États-Unis. Après avoir essayé de nombreux instruments, il devint pianiste puis chanteur.
Il ne suivait aucune règle mais mêlait tous les genres de musique noire ensemble pour donner des titres bien à lui. Très vite, il devint le père de la Soul.
Ray Charles enregistrera 250 albums en 58 ans !
C’est un porte-parole très important des luttes du peuple noir. Il a fortement contribué à faire connaître cette nouvelle forme de musique afro-américaine qui permettra un rapprochement des noirs et des blancs que cette musique fascinaient.
Tous ont recherché dans la Soul, des valeurs authentiques exprimées avec sincérité et spontanéité par des chanteurs militant pour l’idée que l’on peut vivre tous ensemble.
La jeunesse noire l’a utilisée comme un moyen contestataire pour réagir face à la communauté blanche et au développement du Rock and Roll.
La Soul jouera un rôle important dans le développement du mouvement hippie, mais perdra un peu de son importance au début des années 60.
Toutefois, la Soul ne disparaît pas totalement et aujourd’hui encore elle fait passer de nombreux messages dans ses chansons.
Otis Redding, est né en 1941. L’influence religieuse de sa famille a été importante pour la réalisation de ses chansons. Il est comme Aretha Franklin un des plus grands chanteurs de la musique Soul. Sa chanson Respect sortie en 1965 est un succès. Otis Redding veut, dans cette chanson, le respect de la part des femmes.
Aretha Franklin dans sa chanson Do Right Woman - Do Right Man, y évoque les droits dont doivent disposer les femmes. Aretha Franklin est née en 1942. Fille d’un pasteur très connu, elle est élevée dans un univers religieux, on peut donc comprendre son attirance pour la Soul.
Elle reprend Respect de Otis Redding en 1967 en y ajoutant son propre texte. Elle inverse les rôles dans sa chanson : c’est un hymne pour le mouvement féministe. Aretha Franklin devient un autre symbole de la communauté noire : elle se positionne en tête d’une décennie de combats pour les droits civiques, et devient alors the Queen of Soul.
La musique Soul, a accompagné les changements sociaux dans les années 50/60 et notamment les mouvements pour les droits civiques aux Etats-Unis.
En même temps que la musique : les grands leaders...
La musique, sera une façon de conduire le mouvement pacifiste et de prolonger la lutte. Les chants deviendront les porte-drapeaux d’un combat pour la justice et la fraternité. Des marches pacifistes et musicales se feront toujours plus présentes ! Lorsque les noirs défilent, ils chantent ces chants aux textes simples et évocateurs : les « freedom songs ».
Ces chansons proviennent du répertoire traditionnel et qui ont perduré et soutenu le peuple noir loin de son pays d’origine.
Certains textes seront modifiés : -Hit The road Jack de Ray Charles, deviendra Get Allright Jack. Cette chanson appelle à la mobilisation civique contre la ségrégation.
L’esclavage et la colonisation ont conduit à la création de héros qui s’opposent dans leurs méthodes mais se rejoignent dans leurs esprits de défenseurs de la liberté.
Marcus Garvey
Marcus Garvey est un leader noir du XXe siècle originaire de Jamaïque.
En 1917, un an après son arrivée aux États-Unis, il fonde l’Association Universelle pour l'Amélioration de la Condition Noire (United Negro Improvement Association) toujours en activité. La devise de cette association était Un Dieu ! Un But ! Une Destinée ! (One God! One aim! One destiny!).
Il mène un combat pour la reconnaissance du peuple noir et devient un des premiers meneurs importants de la cause noire.
Installé à Harlem au lendemain de la Première Guerre mondiale, il restera dans ce quartier pour poursuivre sa lutte et deviendra mondialement connu. Lorsque se posera la question du partage des ex-colonies africaines de l'Allemagne vaincue, Marcus Garvey tentera de profiter de l’importance de son organisation pour mettre en place son plan de réhabilitation des Afro-Américains sur des territoires qui représenteraient une nouvelle « Terre Promise ».
Ne croyant pas que les Afro-Américains puissent vivre libres et respectés hors d'Afrique, il veut unifier les Noirs internationalement, et réclame le droit au "rapatriement" en Afrique (au Libéria le plus souvent) des « gens de couleur » de tous pays.
Rosa Parks : «Symbole de l’injustice dans le Sud des Etats-Unis : elle a dit «non»»
«Elle s’est assise pour que nous puissions nous lever. Paradoxalement, son emprisonnement ouvrit les portes de notre longue marche vers la liberté. » Jesse Jackson.
Rosa Parks née en 1913 aux États-Unis, était une simple couturière et devint une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale. Elle sera ainsi désignée secrétaire de la NAACP en 1943.
LA NAACP est en anglais, la National Association for the Advancement of Colored People et en français, l’Association Nationale pour la Promotion des Gens de Couleur. Cette organisation américaine défend les droits civiques. Elle a été fondée en 1909 à partir du Niagara Movement.
Rosa Parks ne fut pas la première à ne pas respecter la ségrégation dans les lieux publics. Un joueur noir de la ligue de base-ball, Jackie Robinson en 1944 avait refusé d’aller s’asseoir dans la partie réservée aux « non-Blancs », il a été jugé puis relâché.
En 1955 une autre adolescente de quinze ans était aussi passée outre l’interdiction de s’asseoir dans un lieu réservé aux blancs.
Mais c’est grâce à Rosa Parks encore anonyme, que tout a commencé.
Les transports constituaient à l’époque un bon exemple de la ségrégation au quotidien. Il n'y avait pas de bus ou de trains différents, mais des espaces réservés aux Blancs et d’autres aux Noirs. Même les transports scolaires étaient interdits aux enfants noirs.
Par exemple seuls, les enfants blancs pouvaient prendre le bus pour aller à l’école de Pine Level en Alabama, les autres enfants devaient y aller à pied.
Le 1er Décembre 1955 à Montgomery dans l’état de l’Alabama, Rosa Parks refuse d’obéir au conducteur d’un bus et de céder sa place à un passager blanc. Elle est arrêtée par la police, jugée et accusée de désordre public ainsi que de violation aux lois de la région.
Ces lois prévoyaient que l’avant du bus était réservé aux Blancs et l’arrière aux Noirs. Si toutes les places pour les Blancs étaient occupées, les Noirs devaient descendre.
Richard Nixon, à l’époque Président des États-Unis, décida d’aider Rosa Parks. Il paya son amende et la fit sortir de prison en faisant appel à un avocat blanc qui défendit la jeune femme. Le Président prit vraiment conscience du combat qu’il fallait mener pour la liberté du peuple noir.
Durant cette même période, un jeune pasteur noir de 26 ans encore inconnu, Martin Luther King lance à son tour une campagne de protestation et de boycott contre la compagnie de bus qui durera 381 jours.
Martin Luther King fonde avec cinquante dirigeants de la communauté afro-américaine, le Montgomery Improvement Association. Durant ce boycott, ils refusent d’aller faire leurs courses chez les commerçants qui ne les soutiennent pas.
Le domicile de l’avocat Edgar Nixon, militant des droits civiques et organisateur du boycott des bus de Montgomery, ainsi que celui de Martin Luther King seront brûlés !
Le boycott organisé par la Montgomery Improvement Association veut la liberté pour les Noirs comme pour les Blancs de s’asseoir où ils veulent dans les autobus, la courtoisie des chauffeurs à l’égard de tout le monde et l’embauche de chauffeurs Noirs.
Rosa Parks a joué un grand rôle dans ce boycott et a fait prendre conscience à tous les Américains de l’importance de la lutte pour les droits civiques des Noirs.
Son action a conduit la Cour Suprême des Etats Unis à déclarer le 13 novembre 1956 la ségrégation dans les bus anticonstitutionnelle.
La communauté noire a ainsi réussi à faire triompher ses droits en utilisant la non-violence.
Martin Luther King
« J'ai encore un rêve. Mon rêve fait partie du rêve américain. Je rêve qu'un jour notre pays se décidera à appliquer véritablement ses principes, d'après lesquels nous tenons ces vérités pour évidentes que les hommes sont nés égaux. »
Né à Atlanta aux Etats-Unis dans l’état de Géorgie, en 1929, Martin Luther King junior est issu d'une famille de pasteurs et bénéficie toute son enfance d'un environnement culturel. Il devient pasteur baptiste à 19 ans en suivant la tradition de son père et de son grand-père.
Le père de Martin Luther King était dirigeant local de la NAACP, National Association for the Advancement of Colored People, (Association nationale pour la promotion des personnes de couleur).
Martin Luther King devient très vite un leader pacifique non-violent de la lutte pour la paix et la reconnaissance aux Etats-Unis des droits civiques des Noirs ainsi que contre la pauvreté.Il s’est fait connaître grâce au boycott des bus de Montgomery en 1955 contre la ségrégation des noirs.
Après cet événement marquant, il va continuer sa lutte en s’appuyant sur les préceptes politiques développés par Gandhi en Inde.
En 1957, Martin Luther King fonde une organisation pacifiste avec les autres leaders noirs des États du Sud, la SCLS, Southern Christian Leadership Conference. Il organise des campagnes de boycott, des manifestations ou encore des sit-in qui sont des manifestations immobiles dans des endroits réservés aux Blancs.
Puis en 1963, il lance une campagne pour les droits civiques avec d’autres pasteurs noirs en Alabama. Cette campagne vise à abolir la ségrégation dans tous les lieux publics, et s’attaque aux discriminations dans le monde du travail. Il est emprisonné et durant son emprisonnement, il écrit un traité expliquant sa lutte contre la ségrégation.
Le Président John Fitzgerald Kennedy le soutient. Martin Luther King rencontre John Fitzgerald Kennedy, lui aussi militant contre la ségrégation raciale prenant exemple sur Abraham Lincoln qui s’était intéressé à la cause des Noirs. Une fois élu Président des États-Unis, il avait aboli l’esclavage en 1863.
C’est durant une marche sur Washington en août 1963, pour le travail et la liberté, que Martin Luther King prononce son illustre discours « I have a dream », au Lincoln Memorial, dans lequel il dit vouloir connaître une Amérique fraternelle. Il veut un avenir où les Blancs et les Noirs seront unis, égaux et coexisteront ensemble en toute égalité.
A l’occasion de cette grande marche, de nombreuses chansons furent interprétées sur la haine raciale. Ainsi fut créé l’hymne du mouvement pour les droits civiques, We Shall Overcome ce qui signifie « Nous triompherons » fut chanté par les manifestants à plusieurs reprises.
Par ailleurs des chants de travail, ou de lutte comme God My Mind Set On Freedom, furent entonnés ou Only a Pawn in their Game de Bob Dylan, qui évoque la mort d’un militant noir par un membre de la police blanche, d’autres encore…
En outre, avant le discours de Martin Luther King, Joan Baez a repris la chanson Oh Freedom. Elle est vite devenue une hymne du mouvement. Cette chanson est profondément enracinée dans la communauté Afro-américaine, car elle était chantée par les Esclaves qui rêvaient d’un temps où l’esclavage aurait une fin.
Le discours de Martin Luther King a bouleversé beaucoup d’Américains. C’est le premier américain noir à avoir prononcé un discours qui fut retranscrit sur les radios et chaînes américaines.
Et Martin Luther King atteint le sommet de sa popularité quand, la même année, à l'âge de trente-cinq ans, il devient le plus jeune lauréat du prix Nobel de la paix.
A Chicago, Little Milton compose en 1965 we're gonna make it car la communauté noire américaine commence à se dire que les temps doivent changer.
Les groupes adaptent leurs répertoires à l'image des Staple Singers, qui passent du gospel à la soul, avec le titre freedom highway, dédiée a une marche des Noirs contre la discrimination à l’inscription de ces derniers sur les listes électorales en 1965 à Montgomery dans l’état de l’Alabama.
Martin Luther King, de même que Nelson Mandela a été un militant pacifiste prônant la non-violence même si malgré tout, Martin Luther King, en 1960 était passé à la lutte armée pour défendre le peuple noir contre certaines violences.
Tous ces mouvements conduisent le Président Lyndon Baines Johnson à signer le Civil Rights Act en 1964 qui prononcent la fin de la ségrégation dans les lieux publics et interdit la discrimination d'origine raciale, de couleur, religieuse, du sexe ou de la nationalité.
En 1965, le Voting Rights Act renforce le contrôle de l'État fédéral sur le processus électoral et protège les droits civiques des Noirs. C'est la fin officielle de l'apartheid un siècle après l'abolition de l'esclavage.Martin Luther King a gagné !
« Souvent, les hommes se haïssent les uns les autres parce qu'ils ont peur les uns des autres ; ils ont peur parce qu'ils ne se connaissent pas ; ils ne se connaissent pas parce qu'ils ne peuvent pas communiquer ; ils ne peuvent pas communiquer parce qu'ils sont séparés. »
Le mouvement des droits civiques mené par Martin Luther King a permis à la musique afro-américaines de ne plus s’appeler « Race Music » qui limitait donc son public et sa portée.
Des musiciens blancs s’entourent ou accompagnent des artistes noirs.Les luttes de Rosa Parks et de Martin Luther King ont donné naissance à des chants ont beaucoup influencé la musique soul !
Malcolm X
Malcolm X né en 1925 à Omaha aux Etats-Unis est un grand orateur musulman et afro-américain défenseur des droits et des libertés du peuple noir pour certains mais un raciste anti-blanc et violent pour d’autres.Malcolm n’est pas son nom d’origine, il s’est appelé par ce « X » pour effacer ses origines car il était descendant d’esclave. Son nom était en vérité Malcolm K. Little.
Il voulait devenir avocat pour défendre sa communauté, les droits humains et l’égalité des Noirs. Mais ce rêve s’est révélé impossible parce qu’il était noir !
Il a très vite développé une haine forte contre les Blancs à la suite du viol de sa grand-mère par un blanc et à l’assassinat de son père pasteur. De plus, le Ku Klux Klan avait mis le feu à la maison de la famille.
Le KKK est une organisation violente qui regroupe des personnes voulant que la race blanche prédomine sur les autres races.Il restera marqué à jamais par ces différents crimes.
En 1946, après un séjour en prison, il rejoint la « Nation of Islam », organisation pour la création d ‘un État noir indépendant en Amérique dont il devient le porte parole. Un des points essentiels de la « Nation of Islam » est la haine des Blancs considérés comme des « diables ». Malcolm orateur très écouté, a su convaincre un grand nombre de Noirs d’adhérer à son organisation qui devient très violente.
Avec la «Black Pride », il soutient la fierté noire et avec le « Black Nationalism » il soutient l’autosuffisance économique et l’identité politique de la communauté afro-américaine.Malcolm X, tout en étant un leader de lutte contre la ségrégation, ne se bat pas seulementpour l’égalité de tous les hommes à la différence de Martin Luther King.
Il cherche à organiser les Noirs en une force harmonieuse, indépendante mais qui peut se défendre par la force s’il le veut!
Il défend des idées plus radicales et moins pacifistes que Martin Luther King.
La non-violence prônée par Martin Luther King ne lui convient pas complètement.
Il est assassiné en 1965 pendant l’une de ses conférences dans le quartier de Harlem, à New York.
Pendant cette période des années 60, tant au côté de Martin Luther King que de Malcolm X, fort de sa notoriété et de sa propre expérience, James Brown s’est pleinement impliqué dans les droits civiques. Il se lance dans cette aventure avec la même énergie dynamique que ses concerts. Les chants de gospel traditionnels deviennent des chants de luttes à l'image de We'll never turn back qui est l'hymne du Mississippi Summer Project en 1964, un programme visant à faire inscrire les électeurs Noirs sur les listes électorales dans l'état le plus ségrégationniste des États-Unis.
Finalement, le rêve de ces grands leaders, de la cause Noire de Rosa Parks en passant par Martin Luther King et même Malcolm X s’est réalisé : un monde où l’égalité règne pour chaque nationalité, chaque personne de couleur…
James Brown, un artiste qui à vécu le combat de ses droits par sa musique
James Brown, né en 1933 dans un ghetto. Il est abandonné par ses parents et recueilli par sa tante, il connaît l’univers de la rue, les difficultés de vie avec la ségrégation raciale et le racisme du Sud des États-Unis. Il est emprisonné suite à un vol et derrière les barreaux il commence à chanter du gospel. La plupart du temps, surnommé « the Godfather of Soul » ou «Lister Dynamite ».
Il intègre le groupe The Famous Flames et en devenir chef. Son prmeier succès, Please, Please, Please Les Freedoms Songs sont lancés et avec Otis Redding ils luttent pour le même combat, celui des Droits Civiques. Ces musiques deviennent plus violentes et s’accompagnent de messages pour cette lutte.
« Jusque-là, les Noirs avaient honte. Ils avaient entendu tant d’insultes, du genre ‘nègre’ ou ‘négro’ qu’ils ne savaient plus qui ils étaient. J’ai transformé ce négatif en positif et j’ai écrit cette chanson sur la fierté. » James Brown
La chanson dont il parle dans cette citation est Say It Loud (I’m Black And I’m Proud) signifiant « dites-le fort, je suis noir et je suis fier »
« La haine ne peut pas chasser la haine,seul l'amour le peut. »Martin Luther King
Depuis Marcus Garvey jusqu’à Barack Obama, en passant par Rosa Parks et le boycott des bus de Montgomery, le combat non-violent et les marches pacifistes de Martin Luther King puis l’organisation de Malcolm X, « Nation of Islam », la lutte a été dure et longue. Elle fut remplie de violences, de sang, de lynchages, de cruauté, notamment par le Ku Klux Klan qui tuait sans honte, des hommes et des femmes noirs (et même parfois des blancs). Certains ont donné leur vie pour atteindre leur but et faire reconnaître leurs droits, des droits simples, évidents : être des Hommes libres et égaux quelle que soit leur couleur de peau .Malheureusement, cette lutte douloureuse a été ponctuée par les dramatiques assassinats de Malcolm X en 1965 et de Martin Luther King en 1968, tous deux leaders de la défense des droits civiques.
Finalement, un demi siècle plus tard, la condition des noirs aux États-Unis a évolué grâce à ces combats et tous ces hommes et femmes ne sont pas morts pour rien ; ils sont parvenus à leur objectifs : être égaux ! Auparavant, les Afro-Américains étaient pris pour des « moins que rien ». De nos jours, ils sont considérés comme égaux aux blancs bien qu’il existe encore des formes de racisme.
Tout au long des années, la musique a joué un rôle fondamental dans l’accompagnement de cette révolte, que ce soit lors de l’esclavagisme qui résonnait de chants d’espoir et de liberté, ou plus tard lors des grands discours politiques, tous les mouvements du peuple noir étaient accompagnés de textes musicaux très engagés, parfois même chantés par des blancs, comme Joan Baez.
De nouveaux genres de musique ont ainsi été créés, inspirés par les musiques des Afro-Américains, déplacés de leur pays d ‘origine pour devenir esclaves. La Black music comprend en effet une multitude de styles musicaux, permettant aux Afro-Américains d’exprimer leurs sentiments de façons diverses. Le blues, le jazz, la soul ont leurs racines dans la culture noire originelle.
À ce titre, la maison de disques Motown assurant principalement la production d’artistes noirs veut, bien entendu, attirer un public noir, mais cherche aussi à faire venir un public blanc pour lui faire connaître ces créations musicales.
Quelques années plus tard, sous une autre forme, le disco a permis d’échapper à la crise des années 70 grâce à une musique festive et dansante. Exclusivement interprétée par des noirs dans ses débuts, la musique disco a vite été reprise par des chanteurs blancs attirés par son côté dansant.
Le rap, qui s’est aussi développé, a cherché à dénoncer la vie dans les ghettos noirs à travers des textes politiques et engagés avec une musique plus dure, voire violente.
Quant au reggae, même s’il n’est pas apparu aux États-Unis mais en Jamaïque, il n’en reste pas moins influencé par les musiques afro-américaines et constitue également une forme de combat culturel et identitaire pour la Jamaïque et le peuple noir. Son principal représentant en est Bob Marley, devenu mondialement connu grâce à des chansons qui ont fait le tour du monde comme par exemple Get up, Stand up ou encore Is this love. Il était un symbole d’émancipation et de liberté mais aussi de contestation. Il a surtout été la première véritable superstar venue d’un pays pauvre.
La musique a donc été un vecteur essentiel de la communauté noire au fil des années où elle a défendu courageusement, avec conviction et sans jamais baisser les bras, les droits et libertés qu’elle voulait se faire reconnaître.
À côté de cet art, la communauté noire s’est exprimée et s’exprime encore à travers l’art urbain (street art), la littérature et se distingue également par le sport qui a vu briller de nombreux athlètes noirs jusqu’aux jeux olympiques (Jesse Owens en 1936, Wilma Rudolph (« la Gazelle noire ») en 1960, Carl Lewis en 1981 ont tous trois remporté des médailles).








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